Tatiana @ Boteco’s
41, rue de Bosnie
Le 19 juin 2014
D’où vient le nom Boteco’s, qu’est‑ce que ça signifie ?
« Boteco » c'est la même chose que « bodega » en espagnol. C’est un petit magasin. Au Brésil, il y a des petits magasins où il n’y a que des boissons et des petits trucs pour grignoter et les gens y vont pour boire. C'est un nom populaire, on dit : « On va aller au boteco ». Avant d’ouvrir, je cherchais un nom pour mon projet et je ne trouvais pas. On avait plusieurs idées mais rien n’allait. Je disais à mon mari : « Il faut trouver un nom pour le boteco, on n’a toujours pas de nom pour le boteco ». Un jour il m’a dit : « Mais si tu as le nom, Boteco, tu l’as trouvé depuis longtemps ! »… On voulait ouvrir un restaurant populaire et familial, parce qu’on s’est rendu compte que, souvent, les restaurants populaires ne sont pas familiaux, il n’y a que des hommes qui boivent. Et que les restaurants familiaux ne sont pas populaires. Ici, il y a tous les âges, des vieux et des jeunes. On sert de la nourriture comme à la maison, comme tu mangerais à la maison au Brésil.
Du coup, pour retrouver ce goût « comme à la maison », d’où viennent les produits que vous servez ici au restaurant ?
Presque tous les produits qu’on utilise ici viennent du Brésil. Le pequi, le coco, le caju, la manga, le tamarindo, la goiaba, la mandioca, la cana, le guaranà, mais aussi des farines de blé dur et les bières brésiliennes. On les fait venir du Brésil parce que ce sont des produits spécifiques, qu’on ne trouve pas ailleurs, comme par exemple le guaranà, qu’on ne trouve qu’en Amazonie, ou le manioc spécifique qu’on cultive au Brésil ou des farines de blé dur qu’on ne trouve que là‑bas. On peut acheter ici des produits similaires dans des magasins africains ou pakistanais, mais ça n’a pas tout à fait le même goût et c’est directement plus cher. Nous, les Brésiliens, on mange les mêmes produits que les Africains et certains Asiatiques, mais ce ne sont pas tout à fait les mêmes variétés. Il y a quand même des produits qu’on achète en Belgique, comme le palmito, les cœurs de palmier. Mais ça c’est pour les classiques on va dire, parce que sinon, on fait venir des cœurs de palmier gairova, qui sont plus amers, qu’on ne trouve qu’au Brésil aussi.
Comment faites‑vous pour les faire venir du Brésil ?
On fait appel à des fournisseurs au Portugal, en Allemagne ou en Angleterre. Généralement, pour arriver en Belgique, les produits font :
Brésil → Portugal → Belgique
Brésil → Portugal → Allemagne → Belgique
Brésil → Angleterre → Belgique
J’ai l’impression qu’il y a des accords commerciaux entre le Brésil et le Portugal qu’il n’y a pas entre le Brésil et la Belgique.
Qui sont vos clients ?
Majoritairement des Brésiliens mais aussi des Belges qui habitent dans le quartier. Et puis des Latinos : des Dominicains, des Colombiens.
Depuis combien de temps le restaurant est‑il ouvert ?
Depuis quatre ans.
Est‑ce que vous habitez à Saint‑Gilles ?
Oui, depuis qu’on est arrivés en Belgique, il y a douze ans, on habite à Saint‑Gilles.
Où avez‑vous habité avant d’habiter à Saint‑Gilles ?
J’ai vécu dans plusieurs villes du Brésil, j’ai pas mal déménagé, à cause du travail de mon père. J’ai vécu à Uberlândia, dans l’État de Minas Gerais, à Rio Verde, dans l’État de Goiás, à Cuiabá, dans l’État de Mato Grosso et à Sao Paulo.
Parlez‑moi un peu du Brésil…
Le Brésil, c’est un vrai mélange de races, il y a un vrai métissage. Avec la colonisation, il y a évidemment le métissage Portugais, Indien et Africain. Puis, il y a aussi une immigration italienne, coréenne, chinoise, japonaise, allemande. Il y a eu une grande vague d’immigration pendant la première et la seconde guerre mondiale. Un de mes grands‑pères était espagnol, il a fui la guerre civile et le franquisme.
Vous parlez espagnol alors ?
Non, pas vraiment. Je l’ai appris à l’école pourtant. Mais je le comprends très bien.
Vous avez mis des grandes photos de villes brésiliennes au mur, ça m’a interpelée…
Oui. Ici, les gens ont plein de clichés par rapport au Brésil. Ils pensent que tout le monde là‑bas vit dans des huttes, que c’est complètement sous‑développé. On voulait montrer que ce n’est pas le cas. Une ville comme Sao Paulo par exemple, c’est presque un pays, il y a plus d’habitants qu’en Belgique. Tous les jours, il y a au moins quatre nouvelles rues qui apparaissaient. Alors on a mis des photos de grandes villes du Brésil, Sao Paulo, Rio de Janeiro, Belo Horizonte, Goiânia et aussi une de notre ville d’origine, Uberlândia.