Hafida @ Le Diamant Vert
Rue Émile Féron, 133
Le 4 juillet 2014
D’où vient le nom « Le Diamant Vert » ?
Le Diamant Vert, c’est un complexe touristique à Fès, où on passe nos vacances d’été. On a plein de bons souvenirs là‑bas. Quand mon père a demandé à la famille comment appeler le magasin, j’ai pensé directement à ce nom‑là. Et puis aussi parce que le diamant vert, ça fait penser aux olives, qu’on vend pas mal ici.
Est‑ce que vous habitez à Saint‑Gilles ?
Non, je suis forestoise, j’habite à Forest depuis que je suis arrivée en Belgique, en ’86.
Où avez‑vous vécu avant ?
Je viens du Maroc, de Fès.
Est‑ce que vous retournez dans votre pays d’origine ?
Oui, tous les ans.
Est‑ce que vous ramenez des produits belges là‑bas ou des produits de là‑bas ici ?
Avant, on amenait des vêtements au Maroc, mais maintenant, il y a les mêmes magasins ici et là‑bas. On amène encore de l’électroménager, parce qu’il reste plus accessible en Belgique. De là‑bas, on ramène du henné et des épices comme le ras el hanout, le vrai, pas le commercial. On en ramène pour nous, mais aussi pour le magasin. Mais disons que pour la majorité des produits qu’on vend, on a des grossistes ici en Belgique, qui ont des produits de partout. Sauf les tajines. Ça elles viennent d’Asfi, qui est la ville où on fait les meilleures tajines du Maroc.
Quelle est l’origine des produits que vous vendez ici au magasin ?
Alors, ça peut venir du monde entier. Les olives, on vend celles qui viennent du Maroc ou de Grèce, qui sont celles qui ont le meilleur goût et qui sont de meilleure qualité. Les fruits viennent le plus souvent d’Espagne ou d’Italie. On vend aussi les figues, les abricots et les fromages de vache, de chèvre ou de brebis qui viennent de Turquie. Les dattes, qu’on vend beaucoup ici, elles peuvent venir d’Algérie, de Tunisie, de Palestine ou même d’Israël. Ça, ça peut parfois poser problème. Plusieurs clients musulmans nous ont demandé de boycotter les produits israéliens. On a essayé, parce que, quelque part, on trouve ça aussi normal comme demande. Mais avec les dattes, c’est difficile. Parce qu’à des périodes comme maintenant, pendant le Ramadan, tout le monde cherche des dattes. Et le Ramadan ça tombe parfois en été, parfois en hiver, et c’est pas forcément la saison. Donc on ne peut pas toujours avoir des dattes fraiches et on doit faire toute l’année des réserves de dattes conditionnées. Et même comme ça, parfois, on est en rupture de stock. Alors les gens deviennent fous, ils se battent pour le dernier paquet qui reste. Et souvent, à ce moment‑là, on ne trouve que des dattes israéliennes chez les grossistes. Et bien, si il n’y en a pas d’autres, je peux t’assurer que les clients, ils les achètent. Donc c’est vraiment très difficile de boycotter les dattes d’Israël. Surtout que parfois, on ne sait pas vraiment d’où viennent les produits. Attends, je vais te montrer. Tu vois ce paquet‑là ? Il est marqué « product of Namibia ». La Namibie, c’est l’Afrique, donc a priori rien à voir avec Israël. Et bien, il paraît que c’est des dattes israéliennes. Ou, en tout cas, c’est une entreprise israélienne qui les commercialise. Tu vois, c’est impossible de faire attention à tout ça. Après, on a des produits qui viennent de plus loin encore : le thé vient de Chine, on a aussi des épices comme le curcuma, le gingembre, la cannelle qui viennent d’Inde. Les noix de cajou aussi, elles viennent d’Inde. Il y a pas longtemps, on a commencé à vendre des baies de Goji, qui viennent du Tibet. J’avais vu qu’ils vendaient ça dans les magasins bio, très cher. Mais c’est super bon pour la santé. Alors je les vends aussi, les mêmes exactement, mais moins cher. Et les gens les achètent, ça marche bien. Tu serais étonnée d’où viennent les produits. Les amandes, elles viennent presque toutes de Californie. On ne croirait pas, hein ? Que la Californie est un gros producteur d’amandes. Et puis t’as aussi les premières pastèques de l’année, elles viennent du Panama…
C’est rigolo, moi aussi, je viens du Panama…
C’est vrai ? Et bien tu vois, moi, je ne connaissais pas. Je vois sur les pastèques et parfois les bananes, origine : Panama. J’ai été regarder pour voir où c’était, parce que je ne savais pas. Les pastèques, elles sont vraiment, vraiment bonnes. C’est pour ça que je les prends, même si elles viennent de loin.
Qui sont vos clients ?
Franchement, on a une clientèle de tout Bruxelles, parce qu’on a aussi un emplacement aux Abattoirs et un autre au Marché du Midi. Mais même ici au magasin, il y a des gens du quartier bien sûr, mais aussi du reste de Bruxelles. On a des Belges évidemment et beaucoup de gens d’origine méditerranéenne, qui cherchent des produits méditerranéens pour préparer des plats typiques. Et toutes les religions aussi, tu sais toujours quand c’est les fêtes. A Noël, il y a les Italiens qui viennent, quand c’est les fêtes orthodoxes, tu as les Grecs, quand c’est les fêtes juives, tu le sais aussi, on a des clients juifs, et puis évidemment, pour le Ramadan, il y a les Musulmans : des Marocains, des Turcs, …