Georgie
Rencontré chez « Kriti », place Bethléem
Le 9 avril 2015
Peux‑tu te présenter ?
Je m’appelle Georgie, je suis bulgare, je suis ingénieur.
Depuis combien de temps vis‑tu en Belgique ?
Je suis en Belgique depuis octobre 2007 mais, officiellement, j’ai eu ma carte d’identité en 2008. La préparation des documents a pris quelques mois. J’ai mon ami qui travaillait à l’ambassade de Bulgarie depuis 25 ans, qui est venu chez moi. J’habitais en Bulgarie et il y avait la crise. Il m’a dit : « Tu viens chez moi, à Bruxelles ». Je lui ai dit : « Oui, ça va ». Je n’avais aucune connaissance de la langue française. Je suis resté cinq mois chez lui et après j’ai commencé à travailler comme indépendant, parce que j’ai fait l’équivalence de mon diplôme. J’ai étudié en même temps le soir à l’EPFC, porte de Namur, langue française, le premier, le deuxième et le troisième niveau. Et comme ça j’ai commencé mon intégration sociale. Ici les gens t’aident et il y a des connaissances d’adaptation sociale, de socio‑adaptation. Les gens sont ouverts, ça m’a donné la motivation de rester plus. Parce que la première chose que j’ai reçue, c’est la carte +, la carte professionnelle pour les travailleurs indépendants étrangers. Au moment où je suis venu, la Bulgarie entrait dans l’Europe, c’est vrai que c’était plus facile pour venir mais quand même. Le problème c’est que les premiers qui se sont installés ici, c’est les Gitans et les Turcs, qui donnent une très mauvaise image de notre pays.
Des Turcs ou des Bulgares ?
Non, des Bulgares turcs. Ou des Turcs de Bulgarie si tu préfères. Quand je dis aux Belges que je suis Bulgare, il me disent : « Mais non tu n’es pas Bulgare ». Alors je montre ma carte d’identité bulgare. « Georges, Georges, tu es bulgare ? ». Il y a des suspicions. « Parce que tu n’as pas de moustache et les cheveux noirs ». Alors je leur dis qu’ils parlent des Gitans, des Tziganes. On ne connaît pas les autres Bulgares ici. Les gens ici n’aiment pas les Gitans parce qu’ils n’ont pas d’éducation, qu’ils ont des comportements qui ne sont pas adaptés à la société. L’autre jour j’ai entendu une émission radio où on se plaignait des Gitans, parce qu’ils donnent des problèmes, qu’ils ne sont pas adaptés dans cette société belge, allemande, française, etcétéra. Il y a une deuxième génération qui est née ici qui est un peu plus adaptée. Mais ceux qui sont nés dans un pays de l’Est, Roumanie, Bulgarie, Hongrie, Pologne, ils ont des principes de vie et de pensée… Catastrophe. Un exemple : une famille de Gitans a reçu un appartement, un bel appartement dans le centre de Sofia. Ils montent leur cheval dans cet appartement et ils font un feu comme dans la prairie. Tu rigoles, mais ça c’est la vérité… Merde… Ils cassent des vitres et mettent leur cheval, un animal, dans un immeuble. Je peux comprendre que ça ne plaise pas. Je connais bien les Gitans, j’habite dans un endroit où il y a beaucoup de Gitans. Dans la ville où je suis né, la première capitale de Bulgarie, qui s’appelle Choumen, je suis né dans un endroit où il y a beaucoup de Gitans. Il y a six différentes nationalités et religions : Juifs, Turcs, Gitans, Musulmans, Catholiques, Orthodoxes.
Où as‑tu vécu à Bruxelles ?
Le premier endroit où j’ai vécu, c’est Etterbeek, là où habite mon ami. Et quand j’ai commencé à travailler seul, avec mon entreprise, j’ai été à Molenbeek. Et après, à Saint‑Gilles.
Quels sont les endroits que tu fréquentes à Saint‑Gilles ?
Mon quartier, parce que j’ai plein d’amis. J’ai un ami polonais, un ami portugais, un ami indien : Monsieur Jack. J’aime le parc de Forest, j’aime aussi cette place devant la maison communale, qui est très intéressante. La maison communale est très chouette comme architecture. Parvis de Saint‑Gilles, mais pas pour les cafés ou les boissons. Plutôt parce que c’est bien pour le contact social. Une fois, j’étais au Verschueren et j’étudiais pour ma langue française. Deux femmes étaient là. Et je constate qu’une des deux est une actrice, qui travaille au théâtre Marni à Flagey et l’autre est metteure en scène. Elles me disent : « Monsieur, qu’est‑ce que vous faites ? ». Je leur dis : « J’étudie la langue française, je suis étranger, ça c’est clair ». Et on commence à parler de Sofia, du théâtre national, d’un metteur en scène qu’on connaît tous les trois. Et comme ça, les relations culturelles, le théâtre, le cinéma. Il y a des possibilités de rencontrer des personnes qui ont un niveau intellectuel et des exigences culturelles. C’est ça qui m’intéresse. Qu’il y ait des intérêts communs. Tu vois, je fais ma grammaire, ma conjugaison et elle me demandent : « Qu’est‑ce que vous faites monsieur ? », et je réponds : « J’étudie la langue française madame, je ne suis pas ici pour boire ». Et ça c’est souvent comme ça. Une autre fois, je suis à la même table au Verschueren et quatre femmes sont là. On parle de la grammaire, je pose une question sur le conditionnel. Elle me dit : « Je ne sais pas… ». Et elle demande à d’autres et la discussion continue sur la conjugaison des verbes. Donc Verschueren, Maison du Peuple, Barvis. Le parvis, c’est un espace où tu peux rencontrer des personnes, des gens qui sont ouverts. Il y a une bonne atmosphère, les gens vont se réunir, discuter, ça c’est pas mal. Et pour un étranger comme moi, ça c’est très important. Quand les gens ne sont pas fermés. Une autre fois, quatre femmes me disent : « Vous êtes bulgare ? Chantez‑nous une chanson en bulgare. Est‑ce que vous savez danser ? ». Et ça me plait beaucoup. Je réagis tout de suite, je chante, je danse. Elles me disent : « Venez Georges ». Et on se retrouve au karaoké à côté, au Barvis… Sinon, je vais souvent au Centre Culturel Jacques Franck voir des pièces de théâtre, ça c’est très bon. Sinon, j’aime bien les activités de Constant. Constant, la première fois que j’ai été, je suis rentré pour demander quelles sont les activités. J’ai rencontré Peter, il m’a donné les infos, j’ai pris et c’est tout. Ça c’est la première relation avec Constant. Et la deuxième, c’est parce que, avec le CPAS, ils cherchent des personnes pour une émission à Radio Alma et bien sûr les personnes qui savent que je m’intéresse aux activités culturelles, cinéma, théâtre, me demandent : « Georges, tu vas venir ? ». J’ai dit : « Bien sûr, ça me plait, je vais venir ». C’était les vendredis, quatorze heures, j’ai été parce que ça c’est intéressant. C’est très intéressant comme projet, mais les gens ne comprennent pas tous. À part ça, je fais des courses chaussée de Forest. Il y a des magasins marocains qui sont bons, avec des choses naturelles. Au Rif Market, je vais souvent, comme prix, comme qualité, c’est bon. Plus loin, à Théodore Verhaegen, il y a un petit magasin de fruits et légumes. Il y a une bonne boulangerie aussi. Pour le petit déjeuner, j’aime bien le pain harcha, c’est un euro, c’est un pain marocain. J’ai connu ça à mon premier séjour à Molenbeek parce que, tout près de mon logement, il y a une boulangerie qui faisait des harchas délicieux, c’est à base de maïs. Magnifique, les harchas. Si tu veux un peu nettoyer ton estomac. Quand il y a des choses qui sont naturelles, ça me plait. Ici il y a beaucoup de magasins marocains, chaussée de Waterloo il y a un magasin turc, je vais aussi là‑bas. Parce qu’il a des bons prix et la qualité est acceptable, pour les fruits et légumes frais.
Et quels sont les endroits que tu fréquentes quand tu sors de Saint‑Gilles ?
Je vais souvent au théâtre et au cinéma. Je préfère le théâtre Varia, le théâtre National, le théâtre de Poche, … Grâce au CPAS, je garde des relations avec un comité de spectateurs, il y a eu une formation comme ça, au CPAS de Saint‑Gilles. Aujourd’hui nous sommes allés au Musée des Beaux‑Arts, pour voir l’exposition de Marc Chagall. Ouf, ça c’est magnifique. J’adore ce peintre parce qu’il a habité, qu’il est né, il a fait des choses après la première Guerre Mondiale et la Révolution d’octobre, il a fait des choses que j’adore. Il est incroyable. J’adore ça. J’adore les personnes qui sont sans standards. Je n’aime pas les choses qui sont traditionnelles. Je déteste les choses trop conventionnelles. Sinon, pour faire des courses, je vais à Anderlecht, Uccle, Evere, pour les magasins. Parce qu’il y a du choix, des choses qui sont intéressantes. J’ai un ami qui habite à Grand‑Bigard. C’est très intéressant comme histoire, ils ont fait un film de ça qui a été présenté place Royale, à côté du Musée des instruments de musique. Comme je suis au CPAS, ils ont fait un album de la Cocof, qui organise des activités sociales. Ils ont fait une grande réunion, où ils nous ont présenté des ateliers : comment s’est adapté un étranger comme moi ? Et j’explique ça à l’assistante sociale et elle fait le scénario de son film. L’histoire c’est la suivante : un samedi matin, j’ai un chantier à côté du métro Beekant. Et c’est samedi, et je cherche ma voiture. Mais ils l’ont dépannée parce qu’il y a un déménagement. Je suis allé à la police et il me disent : « Votre voiture elle est à Lennik ». J’ai pris les transports publics et je suis allé parce que je dois chercher ma voiture, une camionnette Peugeot. Pour la récupérer je devais payer 120 euros mais je n’avais pas encore d’argent, parce que les travaux n’étaient pas encore finis, etc. Et cette personne ‑ il s’appelle Alain De Breuer, que je ne connaissais pas, qui ne me connaissait pas, il a payé avec sa carte bancaire. C’est resté mon ami. J’ai dit : « Après un semaine, je vais te payer ». Et la première chose que j’ai faite, parce que j’ai reçu l’argent de mon chantier après deux ou trois jours et tout de suite j’ai été le payer. Avant la semaine. Parce que pour moi, c’était extraordinaire. Ça c’est un ami, merde quoi… Un vrai… Et cette histoire a donné lieu à un film. J’ai une copie, un disque. C’est pour ça qu’un des lieux que je fréquente à Bruxelles, c’est Grand‑Bigard. C’est pour ça que je vais à Grand‑Bigard, voir mon ami Alain.
Où as‑tu vécu en Bulgarie avant de venir en Belgique ?
À Sofia et à Choumen, ma ville natale. J’avais un restaurant à Sofia. Je l’ai toujours d’ailleurs. Mais ça ne m’intéresse plus, je voudrais le vendre. Je préfère la région de Choumen, il y a plus d’opportunités, notamment par rapport au tourisme thermal. Mon père a 3000 mètres carrés qu’il m’a légués. C’est là que je voudrais faire un petit complexe, un spa privé, avec hôtel, restaurant, café. Je cherche des amis ou des personnes pour investir dans ce projet. J’aurais besoin de 100 000 euros, 200 000 euros. Un beau complexe, avec des jardins, une architecture naturelle, de l’endroit, pas industrielle. Des bâtiments en bois, à l’intérieur et à l’extérieur. Quelque chose de typique, de différent. L’architecture typique en Bulgarie, c’est avec le bois : les terrasses, … Et c’est fait sans clous, juste par tenons et mortaises. Et les gens aiment ça. À cinq kilomètres de Choumen, il y a un monastère très intéressant. Je vais en faire une destination touristique. Ce monastère il produit beaucoup de choses, des crèmes, des choses qui sont naturelles, des recettes bulgares pour aider les gens à devenir en bonne santé. C’est dans une petite ville qui s’appelle Tsarev Brod. C’est très chouette. C’est tenu par des femmes. Comment tu dis ça, les moines, mais pour les femmes ?
Les nonnes ? Les moniales ?
Les nonnes, c’est ça. Donc Choumen, c’est un endroit qui est très spécial, la première capitale de la Bulgarie. Et les environs aussi. Donc tu as ce monastère, mais aussi des choses plus anciennes encore. Tu sais que nos anciens parents sont venus d’Asie, à côté de la Mongolie. Et ils ont combattu les Grecs et les Byzantins. Le premier roi de Bulgarie qui s’appelle Asparoukh a libéré cet espace, a fondé le pays. Ces rois habitaient avec les chevaux, à côté de la nature. Et ils sentaient l’énergie de la nature. Près de Choumen, il y a un espace, ça s’appelle « Madara ». Et tu sens encore ça, l’énergie, tu dois te promener, t’imprégner. C’est comme en Amérique du Sud, il y a des espaces qui sont là‑haut dans la montagne, avec une énergie, des espaces à côté des dieux, du cosmos. Donc ces rois ont choisi cet espace. À Madara, il y a un bas‑relief dans la pierre avec un cheval, une personne armée. On dit que le roi a dit : « Ça c’est notre pays, ça c’est notre église naturelle ». Ce n’est pas un bâtiment mais un espace ouvert. Très intéressant comme lieu.
Tu retournes parfois en Bulgarie ?
Une fois par an. Quand je lancerai mon projet de tour opérateur en Bulgarie, je devrai y aller au moins quatre‑cinq fois par an. Récemment, j’y ai été avec un groupe. C’était drôle. En premier lieu, on a fait la cure de l’eau et le soir nous sommes allés au resto. Bien sûr il y avait les boissons, les vins bulgares, les vins rouges. Des boissons très spéciales, des vins de plantes qui s’appellent « pelin ». Et il y a un des participants qui me dit : « Georgie, demain matin, je ne fais pas de cure de l’eau ». Je lui réponds : « Aaaaaah, s’il te plaît, tu es venu ici de Belgique pour faire une cure de l’eau, tu as des problèmes de santé, je le sais. Après, boire, manger, danser avec des jeunes demoiselles, c’est une chose, mais tu dois faire l’entretien de ta santé ». Nous avons fixé le rendez‑vous le lendemain matin. Lui est resté boire encore deux ou trois heures, parce qu’il y avait des filles, des danses. Les cures de l’eau, ça se fait avec de l’eau minérale à 62°C, tu te mets dans une cuve et tu mélanges de l’eau chaude avec de l’eau froide. Et les autres Belges et moi, nous sommes rentrés pour dormir, sauf celui qui est rentré à deux heures du matin. Au réveil, il n’a pas pu aller à la cure de l’eau, il n’a pu venir que l’après‑midi. Je lui ai dit : « Tu as manqué quatre heures de cure, qu’est‑ce que tu dis de ta santé ? Il faut un peu de discipline». Et il me dit : « Mais Georgie, la bonne nourriture, la bonne boisson, tu m’embêtes avec ta discipline ». Mais la Bulgarie, c’est intéressant aussi pour ça, le rapport avec la santé mais aussi la médecine naturelle. En Bulgarie, souvent, les médecins généralistes te disent de prendre des médecines naturelles. En Bulgarie, ce n’est pas strictement médecine moderne. Il y a encore la médecine traditionnelle, la connaissance des plantes. Dans la proposition de circuit que je mets en place, la première chose à faire, ce sera le rendez‑vous avec le médecin. Parce que les médecins donnent aussi des conseils pour la cure de l’eau. Et ne pas faire comme moi, qui suis resté une heure et demie la première fois. Je suis devenu tomate et la madame qui contrôlait m’a dit : « Monsieur, il faut sortir, ce n’est pas normal, votre cœur, vous devez aller aux urgences ». Et j’ai dit : « Mais ça va, ça va, c’est mon premier jour, je voudrais être vite en bonne santé ». Mais elle m’a dit : « C’est pas comme ça que ça marche ». C’est des eaux thermales, donc très, très chaudes. Donc la première chose à faire, c’est aller voir le médecin qui va te prescrire vingt minutes, une demi‑heure le premier jour, puis un peu plus le deuxième jour. Et dois suivre ça strictement.
Parle‑moi un peu plus de ton projet touristique…
Ce que je voudrais, c’est faire une asbl qui favorise les échanges interculturels entre les Belges et les Bulgares. Avec un objectif touristique aussi. Et proposer par exemples les cures de l’eau, les massages et tout ça, à Sofia ou à côté de la mer. Il y aurait quatre ou cinq destinations différentes en Bulgarie. Il y a des très beaux endroits à côté de la mer par exemple, au sud, à côté de Varna. Dans ce coin‑là, c’est bien aussi parce qu’il y a des terres qui donnent de la bonne énergie. On pose cette terre partout sur le corps, même sur les cheveux. C’est à Dobritch. À la montagne, il y a aussi plein de destinations très bien mais pour ça, je ne suis pas encore prêt, je dois aller sur place, faire le contrats, bien organiser tout ça. Surtout pour les conditions, les budgets. L’idée c’est que des Belges puissent aller en Bulgarie, sans avoir affaire aux mafias. Une asbl claire, qui n’est pas locale. Si c’est une asbl où il y a un Bulgare, mais aussi des Belges, par exemple un Francophone et un Flamand, il y aura du respect. La mafia n’y touchera pas. Parce que Bruxelles, ça veut dire quelque chose en Bulgarie. Bruxelles, c’est l’Europe : « Ah, Bruxelles dit ça ! Alors c’est comme ça ». Ou alors : « Ah ça c’est une asbl de Bruxelles, alors on ne touche pas ». L’idée c’est de faire connaître un pays complètement différent de ces mafias politiques ou criminelles : les traditions, les musiques, … Et puis je vais guider moi‑même, comme ça je suis sûr que le service est bon, c’est important aussi d’avoir quelqu’un qui connaît. Parce qu’en Bulgarie, il y a des problèmes de service dans les restos, les hôtels, etc. C’est pas un problème de communication, parce que beaucoup de bulgares parlent l’anglais, le français même l’allemand, tout ce que tu veux. Mais ce qu’ils font, c’est autre chose. Ils pensent : « Oh, je vais monter le prix, voler les personnes, pendant l’adition ». Le problème en Bulgarie c’est ça. Il y a de la bonne nourriture, une belle nature mais le service merde. Moi je vais filtrer : ça c’est pas bon, cette nourriture est pas bonne, ça c’est pas frais. Mon rôle, c’est un rôle d’intermédiaire, les clients doivent recevoir des choses qui sont bonnes. Et qu’il n’arrive pas des trucs où le client dit : « L’addition c’était 5 euros et il m’a pris 10 euros, 15 euros ». Parce que quand tu vas voir une nature extraordinaire et qu’à côté de ça, le service merde… Je vais construire une organisation pour que les gens puissent regarder les choses qui sont bonnes en Bulgarie. Ça c’est ma motivation. Si quelqu’un essaye de vendre un poisson pas frais, je vais lui dire : « Allez, à l’uch, disparais avec ton poisson. ».
« À l’uch » ça veut dire quoi ? C’est du bulgare ?
C’est quelqu’un du CPAS, une italienne, mais qui est née en Belgique, qui m’a appris ce mot‑là : « à l’uch ». C’est un mot qui vient du wallon. Ça veut dire : « Dehors, tu prends la porte, disparais ! ». J’adore ça, « à l’uch ». En Bulgarie, il y a un analogue « izcheznat » ou « makhaĭ se ». Donc je ne veux pas parler avec toi, sors, j’ai autre chose à faire.
Et, dans ton projet, tu imagines que des Bulgares viennent en Belgique du coup ?
Oui, c’est ça l’idée. Mais pour ça je ne suis pas encore prêt, c’est un grand travail. Pour ça je dois travailler avec des Belges, des Hollandais, ou des Français, pour qu’ils puissent proposer des destinations bien, en Belgique, en Hollande ou en France. Il faut travailler avec des gens qui connaissent bien l’endroit. Ça intéresserait les Bulgares de venir faire des vacances ici. Parce qu’il y a des personne qui sont très riches, qui aiment la nature, les choses typiques mais qui n’aiment pas les propositions traditionnelles, conventionnelles. Qui veulent faire des choses intéressantes, qui sortent de l’ordinaire. Comme la fabrication du chocolat ou la fabrication de la bière, je connais un peu mais pas les détails. En tout cas, il y a des Bulgares, des Roumains, des Macédoniens ou des Serbes qui pourraient être intéressés. Et dans l’autre sens, c’est assez clair. À cause des guerres en Afrique et des situations politiques instables, les Européens ne vont plus dans des pays comme la Tunisie ou l’Égypte par exemple, ils vont plus facilement dans les pays de l’Est. C’est le moment pour moi de profiter de cette possibilité.
Que ramènes‑tu de Bulgarie quand tu reviens ici ? Ou est‑ce que tu as pris des choses de Bulgarie quand tu es venu t’installer ici ?
Des boissons typiques, comme le rakija, du miel, … Mais c’est difficile de transporter des choses en avion. Si je pars avec ma voiture, ça va, je peux ramener plus de choses. Ça dépend des transports : avion, bus ou voiture privée. Sinon, je fais venir des bonbons bulgares, que revends ici en Belgique. Je viens de parler avec le producteur et je lui ai dit : « Je vais prendre 100 kilos de bonbons ». Parce que la livraison précédente, c’était 40. Donc ça a bien augmenté. Après, la fois suivante, je vais faire 200 kilos. Je suis étonné, la dernière semaine, tout a disparu en à peine trois heures. J’avais ouvert deux ou trois paquets pour que les gens puissent goûter. Je leur explique qu’il y a de la vitamine C, des plantes. Les gens en prennent un, puis deux puis ils disent : « Donne‑moi un paquet ». Donc ça plaît. J’ai aussi un projet par rapport au vin, vendre du vin bulgare en Belgique. Cabernet‑Sauvignon ou Mavrut, ça c’est des cépages connus en Bulgarie. On vend pas mal les vins bulgares, tu les trouves ici à Carrefour. En Angleterre ils vendent beaucoup de vins rouges bulgares. Il y a beaucoup de champagne aussi. Il y a pas mal de boissons locales naturelles, pas connues, de fruits, de pêches, de raisins, des recettes uniques. C’est pas des productions industrielles, 15 000, 20 000 litres, non. Juste 300, 500 litres.
Est‑ce que tu cuisines des plats bulgares ?
En entrée, je fais souvent des soupes bulgares, comme des soupes de lentilles. Et puis beaucoup de salades, avec tomates, concombres, chous, carottes. Avec du fromage aussi. Ça c’est une salade qui Chopska salata. On la donne comme apéritif souvent, au souper. Avec un alcool qui ressemble à la tequila ou la grappa, qui s’appelle le rakija.
Est‑ce que tu ramènes des choses de Belgique quand tu vas là‑bas ?
Bières, chocolats, drapeaux belges et T‑shirts. Et des pin’s. Le drapeau belge pour moi est très intéressant, parce que les couleurs sont chaudes. Et les Bulgares aiment ça, parce que notre drapeau est différent : blanc, vert et rouge, horizontal. Les mêmes couleurs que l’Italie ou la Hongrie mais pas le même schéma. Les couleurs d’un drapeau, ça te laisse imaginer quels sont les personnes qui vivent dans ce pays, sa météo, son climat, son paysage. Ça donne une idée de ce que c’est comme pays.